Séverine Maindron, photographe
C’est dans le village de Gouvernes, à deux pas de la Gondoire, que se trouve le studio S2griff. La photographe nous a accueillis chaleureusement dans son univers et nous a offert son profil : celui de l’artiste et de la femme Séverine Maindron…
Comment devient-on la photographe Séverine Maindron ?
Avant de devenir photographe professionnelle, j’ai fait des études d’arts plastiques, puis j’ai commencé en tant que graphiste et dessinatrice. Pour réaliser les plaquettes dans les années 90, on allait sur Fotofolia pour récupérer des visuels. A la même époque, je faisais beaucoup de photos. Mon côté économe a pris le dessus, alors je me suis dit « Pourquoi pas avoir mes propres photos pour faire mes plaquettes plutôt que d’acheter des visuels ? » Et petit à petit je m’y suis mise.
Je suis quelqu’un d’hyperactif. Lorsque je peignais, je trouvais que ça mettait trop de temps à exprimer ce que j’avais dans la tête, alors que je pouvais peut-être l’avoir plus rapidement en photo.
En 5 mots, comment décririez-vous votre démarche artistique ?
Alors… d’après mes enfants, je suis disjonctée, torturée, décalée, déplacée. Et mon fils m’a dit que j’étais « adorablement tarée… » (Rires).
Est-ce que vous avez un processus particulier de création ?
Je crois que travailler dans l’urgence me va bien. Je rencontre très rarement mes clients avant leurs shootings au studio ou en extérieur. J’ai ce besoin de les capter, de savoir comment ils sont sur l’instant. Je trouve qu’on avance beaucoup plus vite dans le naturel.
Si je les rencontre plusieurs fois avant et que je commence à imaginer, je me pose des questions… Je trouve que c’est vraiment plus simple au naturel, plus instinctif, plus dynamique. Et puis je pense que la mise en danger permet une remise en question. C’est plus sympa.
D’où vous viennent vos sources d’inspirations et quelles sont-elles ?
Il y a des photographes que j’aime bien, comme Yann Arthus-Bertrand. Il y a d’une part son côté « parcours photographique » et d’autre part son côté « écolo ». J’aime bien son côté écolo.
Je trouve que nous avons tous des styles différents. Et non, je n’ai pas un artiste en particulier comme source d’inspiration, que ça soit en photographie, en peinture ou en dessin.
J’aime les personnes décalées, qui ont leur propre style. On les aime ou pas. J’aime bien l’idée que mes photos peuvent susciter la même chose : on aime ou on n’aime pas.
Certains clients viennent me voir en me disant : « j’ai besoin de photos, donc je suis venu vous voir. » mais ce que je préfère c’est quand ils passent le pas de ma porte en me disant « j’ai vu vos photos, j’aime vos photos, je veux que vous me fassiez des photos avec votre style ». J’adore !
Quand ils viennent me voir seulement pour des photos, j’essaie de glisser ma patte. J’aime bien avoir ce côté « montrer autre chose ». Je suis très angulaire. Sur mes photos, je n’ai pas de filtre. On m’a toujours dit que mes photos étaient très masculines.
Numérique ou argentique ?
Je ne fais quasiment plus que des photos numériques. Même si j’adore l’argentique, il y a de moins en moins de possibilité de développer soi-même. Contrairement à certains photographes, quand je fais un shooting, mes clients ne reviennent pas une semaine après pour choisir 10 photos. Je leur envoie leur fichier numérique, je me suis modernisée. Je sais très bien qu’ils vont les mettre sur les réseaux sociaux, Facebook, Instagram.
Quand je fais de l’argentique c’est pour moi.
Que pensez-vous de l’impact de l’ère du numérique sur votre activité ?
Certaines personnes qui se disent « photographes » font énormément de retouches. J’ai refusé des collaborations avec des photographes pour ça. Moi je ne mets pas de filtre. Exceptionnellement, pour un mariage, lorsque la mariée se retrouve avec un bouton de fièvre, je le lui enlève surtout pour les portraits de près, parce que la pauvre…
J’adore quelqu’un qui a les traits très marqués ou encore les personnes très âgées qui sont pleines de rides. Parfois j’ai l’impression que certains de mes confrères prennent Barbie et Ken en photo toute la journée, parce qu’ils les lissent, ils les sur-lissent pour montrer le coté parfait. Je déteste ça.
Je dis toujours aux femmes : « la nature est bien faite », même lors de photos de charme. Normalement, si on est un peu plus ronde, on aura une poitrine plus généreuse… Chaque personne est belle, chaque personne a quelque chose. Et donc je ne suis pas pour les retouches. Nous sommes tous formidables. Qu’on retire des kilos et tout le reste… non ce n’est pas mon truc. On est comme on est.
Y a-t-il un outil que vous souhaiteriez inventer pour transcender votre activité ?
Ouais ! Si on pouvait inventer un objectif qui fait à la fois de la macro et du téléobjectif. De n’avoir qu’un objectif sur soi, mais qu’on puisse démonter sans qu’il ne perde en qualité… J’adorerais ça ! Mais ce n’est pas possible…mais ça serait quand même génial !
Quels conseils donneriez-vous à une personne souhaitant exercer ce métier ?
C’est un métier de passion, comme la restauration, comme beaucoup de métiers d’art aussi. Il faut se lancer dans la photographie par passion, pas en se disant « J’y vais parce que je vais être connu, parce je vais gagner pleins de sous, parce que ça va être facile ».