Rencontre avec Tahir Sharif, sellier-harnacheur
« J’étais maréchal-ferrant »
Tahir Sharif, sellier-harnacheur
Des steppes de Mongolie à son atelier du cuir de Thorigny, Tahir Sharif a traversé le monde, les cultures, tout en parvenant à conserver intactes ses connaissances et sa passion du cheval ; « plus précisément, je suis originaire de l’Altaï où j’étais maréchal-ferrant, au départ avec mon grand-père », se souvient-il. Sur les terres sauvages d’Asie Centrale, le cheval est une tradition, un mode de vie. Ainsi, est-il l’héritier des savoir-faire de ses ancêtres Tartares, nomades et grands cavaliers. C’est la rencontre avec sa future femme sur l’île d’Hainan au sud de la Chine qui l’amènera en France ; elle est française et sinologue. « Après avoir sillonné l’Asie Centrale, le désert de Gobi, le Takla-Makan, nous avons décidé de nous installer dans sa ville d’enfance, à Thorigny-sur-Marne », explique-t-il. Quand en 2009, il décide de renouer avec l’univers du cheval et d’enrichir son savoir sur la fabrication des selles, selon les traditions européennes : « les selles anglaises sont très différentes de nos selles de nomades », s’amuse-t-il.
Pour parfaire ses connaissances, Tahir s’immerge dans l’artisanat français, et part s’inspirer des gestes et techniques en Dordogne, en Bretagne, à Biarritz. En 2014, il ouvre son atelier qu’il a habilement nommé Sellerie Tartare et agencé à sa main avec des matières sélectionnées par ses soins : cuirs naturels, fils de lin, et feutres dont certains proviennent de Mongolie… « C’est important d’avoir des matières saines et confortables pour le cheval et le cavalier », sourit-il. Au-delà de la fabrication des selles, je façonne tout type d’objets en cuir, sacs, bijoux, également brides, attelages harnais… À la clientèle qui se présente à l’atelier, Tahir répond à toutes les envies : une sacoche de moto, un sac sur mesure, un étui, un bracelet… qu’il crée et dessine. Créateur, rénovateur, fabricant, il rêve aussi de développer la fabrication de selles tartares : « elles sont parfaitement adaptées au tir à l’arc à cheval, une activité traditionnelle en Mongolie qui se pratique aussi ici. » Car Tahir est évidemment un cavalier hors pair, forgé aux chevauchées en pleine nature et à l’archerie montée qu’il affectionne tout particulièrement…